« La fabrique des pandémies  » de Marie-Dominique Robin

L'explosion démographique et la surexploitation de la nature installent des bombes à retardement sur tous les continents.

L’auteure, journaliste d’investigation est réputée pour la qualité de ses enquêtes.

Plus la domestication progresse, plus les virus  déferlent

« Voir un lien entre la pollution de l’air, la biodiversité et la covid-19 relève du surréalisme, pas de la science ! », affirmait Luc Ferry en mars 2020, accusant les écologistes de « récupération politique ». Pourtant, depuis les années 2000, des centaines de scientifiques tirent la sonnette d’alarme : les activités humaines, en précipitant l’effondrement de la biodiversité, ont créé les conditions d’une « épidémie de pandémies ».

Un aveuglement collectif

C’est ce que montre cet essai issu de nombreux travaux et des entretiens inédits avec plus de soixante éminents scientifiques monde entier. Ceux-ci étudient les maladies sous plusieurs angles: virologie, parasitologie, épidémiologie, zoologie. Le constat est sans appel : la destruction des écosystèmes par la déforestation, l’urbanisation, l’agriculture industrielle et la globalisation économique menacent directement la santé planétaire.
Cette destruction est à l’origine des « zoonoses », transmises par des animaux aux humains : d’Ébola à la covid-19, elles font partie des « nouvelles maladies émergentes » qui se multiplient, par des mécanismes clairement expliqués dans ce livre. Où on verra aussi comment, si rien n’est fait, d’autres pandémies, pires encore, suivront.
Car préserver une grande biodiversité maintient le risque infectieux courant, à un bas niveau. Le stress touche tous les animaux et même dans les élevages médicalisés, le risque d’exposition aux maladies est grand.

Trouver une ou des solutions durables

Notre obsession de l’hygiène est néfaste pour notre immunité. Les bébés ont besoin d’être exposés aux microbes.
Les éléments pathogènes existent depuis l’aube de l’humanité. C’est l’action destructrice de l’homme qui provoque ce qui arrive.Et pourquoi, plutôt que la course vaine aux vaccins ou le confinement chronique de la population, le seul antidote est la préservation de la biodiversité, impliquant d’en finir avec l’emprise délétère du modèle économique dominant sur les écosystèmes.

Comment réagir? Le danger serait de ne rien changer?

Pour Boris Cyrulnik, nous vivons dans un sprint consumériste qui a provoqué une dilution des liens. On ne pense qu’à la réussite sociale. Mais après la catastrophe (mot qui, étymologiquement,  signifie coupure et tournant), on est poussé à emprunter un virage. Si nous ne changeons rien, un siècle d’épidémies nous attend, avec un virus dans 3 ans. Redécouvrons la lenteur des apprentissages et des acquis à l’école. La maîtrise des émotions, la confiance et l’estime de soi diminuent l’illétrisme, les psychopathies, les suicides. Evitons l’école à la  japonaise qui est une sorte de maltraitance par la pression sur  les enfants.

Editions La Découverte – 4 Février 2021

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