« L’âge de la connaissance » d’Idriss Aberkane

Pour l'auteur, l'économie liée à l'acquisition des connaissances sera notre nouveau pétrole. Ce livre est passionnant.

Le postulat est le suivant : la connaissance est une ressource infinie, il faut donc l’exploiter en tant que telle. L’auteur tente de jeter les bases d’une économie de la connaissance, alternative durable à l’économie d’hydrocarbures qui ne cesse de montrer ses failles.  Il reprend une déclaration du ministre des Hydrocarbures de l’Arabie Séoudite qui déclarait, lors du second choc pétrolier: « L’âge de pierre ne s’est pas arrêté par manque de pierres, et l’âge du pétrole s’arrêtera bien avant que nous manquions de pétrole ».

Une visée  « révolutionnaire »

L’auteur rappelle que dans l’histoire de l’humanité, toute révolution (politique, morale, scientifique, médicale, religieuse, légale, philosophique) passe par trois étapes: 1) jugée ridicule, 2) jugée dangereuse, 3) jugée évidente. Il évoque une nouvelle Renaissance à 3 dimensions : l’économie de la connaissance, le biomimétisme, la Blue Economy.

L’économie de la connaissance est positive. Si je donne un billet de 20 Euros à une personne, je m’appauvris de 20 Euros et l’autre s’enrichit de la même somme. Tandis que si nous échangeons des idées, nous nous enrichissons mutuellement. Ainsi, Amadou Hampâté Bâ, le grand penseur malien peut aussi dire: « Quand on partage un bien matériel, on le divise. Quand on partage un bien immatériel, on le multiplie ». La matière première intellectuelle est inépuisable et favorise le partage.

Cette économie de la connaissance sera originale

Il donne des exemples frappants des dogmatiques qui ne croyaient pas au progrès et se sont lourdement trompés. Ils ne voyaient aucun avenir au : cinéma, film parlant, ordinateur personnel, avions, etc… Avec de nombreux exemples choquants, l’auteur montre qu’en France, on a tout faux. Nous avons des découvreurs mais sans soutien, ils partent développer à l’étranger. En France, voire en Europe, les élites bloquent l’innovation et notre Silicon Valley. Si l’échec est nécessaire, normal à la progression aux Usa, il nous condamne en France. Chez nous, le diplôme est hélas privilégié à l’expérience. L’exemple de Steve Jobs rappelle que l’échec a la valeur d’un diplôme, outre-Atlantique.

Cette économie se prolonge dans le biomimétisme ou imitation de la nature

Nous connaissons déjà les multiples applications industrielles de l’observation des mondes végétal et animal au monde industriel. La nature sait résoudre des problèmes auxquels nous sommes confrontés. La peau de requin qui recouvre les carlingues des avions améliore leur pénétration dans l’air. Les arbres peuvent dessaler l’eau de mer. Les araignées inspirent les gilets pare-balles. Les chouettes innovent l’acoustique. Les chauve-souris influent sur l’évolution du sonar, … La robotique va évoluer avec l’espionnage de la nature.

Et pour finir, il évoque la « Blue Economy » et non la « Green Economy »

C’est l’abolition totale du déchet en prenant exemple sur la nature. Quand des feuilles tombent des arbres, la nature se débrouille pour faire disparaitre les déchets. Rejoignant Günter Pauli, précurseur, il affirme que si nous produisons comme la nature, nous créerons une prospérité supérieure à notre modèle industriel dépassé. Il s’imposera naturellement.

Bref, c’est un livre passionnant.

Editions Robert Laffont – Septembre 2018

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