« Faut-il quitter les réseaux sociaux » de Jérôme Colombain

Propos haineux, fausses nouvelles, violation de la vie privée, cybercriminalité, addiction : cinq fléaux rongent les réseaux sociaux.
Ces plateformes sont devenues indispensables à la vie économique et démocratique, mais derrière la charmante façade des milliers d’amis et des petits pouces bleus se cachent en réalité de terribles dérives que l’on a malheureusement laissé s’installer.

Diplômé de l’IUT de Bordeaux, Jérôme Colombain est journaliste à France Info. Il couvre l’actualité de l’informatique et du multimédia. Il est reconnu pour la qualité de ses enquêtes. Il y a 3 ans déjà, Marc Dugain et Christophe Labbé dénonçaient dans « l’homme nu » la dictature invisible du numérique qui est dangereuse et qui nous appauvrit intellectuellement.

Le sommaire nous guide dans ce monde obscur et propose des conseils d’hygiène numérique:

La mécanique de la haine, comment se propagent les fausses nouvelles ?  La cybersurveillance et cyber criminalité, la techno-dépendance, vivre avec les réseaux sociaux.

Nous entendons souvent des personnes qui refusent d’être présentes sur les réseaux sociaux ou qui veulent les quitter sous divers motifs: cela prend du temps, c’est une atteinte à la vie privée, c’est un ramassis de fausses nouvelles ou « fake news ».

Alors, faut-il quitter les réseaux sociaux ?

Pour l’auteur, cela signifie deux choses fondamentales: d’abord se désabonner d’un service gratuit qui propose une série de technologies de mise en relation et qui, en l’échange de cette gratuité, commercialise des éléments de profiling à des annonceurs potentiels, puis c’est aussi renoncer au lien social que l’on a pu nouer, grâce à ces fameuses technologies, avec des personnes dont on aime prendre des nouvelles et avec qui l’on a plaisir à échanger. Ces deux dimensions sont indissociables.

Il écrit: « Si je me fiche complètement des plateformes, je crois que je ne suis pas prêt à tirer un trait sur la dimension sociale des réseaux. Chaque jour sur Facebook, je vois ce que mes parents font dans le Sud de la France, ce que partagent mes filles qui ne vivent plus à la maison et parfois loin, les activités des autres membres de ma famille dans leurs environnements respectifs. Mais chaque jour aussi, je suis au contact de gens que j’aurais assurément perdu de vue depuis des années si ces réseaux n’existaient pas. Je pense notamment à tous ces amis que j’ai connus dans la première partie de ma vie professionnelle et avec lesquels je continue d’échanger comme si nous nous étions quittés hier. Et puis enfin, ces réseaux me permettent d’échanger avec des gens rencontrés lors de nombreux voyages, dont j’ai parfois simplement croisé le regard mais qui sont devenus des contacts familiers auxquels je suis très attaché. »

Pourrais-je faire tout ça sans les réseaux sociaux ? Non, d’aucune manière !

« Bien sûr que les réseaux ne remplacent pas et ne remplaceront jamais la chaleur des rencontres en face à face, les bonnes bières, les bons dîners, les bonnes soirées à refaire le monde, mais ils ont permis, grâce aux technologies sur lesquelles ils sont développés, de démultiplier les chances de ne pas se perdre de vue, de montrer à l’autre qu’on existe ».

« Je ne suis pas naïf et j’ai toujours en tête cette formule célèbre :« Si c’est gratuit, alors vous êtes le produit » mais si je dois mettre d’un côté les points positifs et de l’autre les points négatifs de cette expérience qui dure maintenant depuis plus de 10 ans, je n’ai aucune hésitation sur la place du curseur ».

Je n’attends pas des réseaux qu’ils se substituent aux médias traditionnels ou aux experts. Je ne les prends pas pour ce qu’ils ne sont pas et je m’en porte plutôt bien.

 

« Editions Dunod » – Mars 2019

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