« les temps changent »

Que va-t-il rester du confinement quand le déconfinement sera arrivé? Aura-t-on tiré des enseignements?

Nous entendons beaucoup de promesses, de déclarations, d’engagement. Que ce soit dans la sphère de la vie privée ou publique et internationale. Quels enseignements va t-on tirer de cette période de réflexion?

Le confinement a pu avoir de bonnes conséquences sur notre rapport aux autres et aux animaux. Avec un pincement au coeur, les magnifiques chants des oiseaux ne seront plus perceptibles. Nous avons redécouvert les vertus du silence. Ne pouvant nous déplacer, nous avons moins consommé, pour atteindre une réelle frugalité. Le temps libre imposé a été aussi l’occasion de réfléchir sur soi comme une vraie thérapie. Et se demander comme Thomas d’Ansembourg: « Qui fuis-je? Où cours-tu? A quoi servons-nous? »

Quelles pistes se dessinent?

Car après la crise économique de 2008-2009, nous n’avons rien changé.  On entend qu’il faut « relancer la machine », «la croissance », en oubliant l’écologie. Avec le rique de l’austérité pour « éponger la dette ». Pourtant les sacrifices et les renoncements auxquels (presque) tout le monde s’est plié pendant le confinement, on se dit que tout était déjà possible. Faut-il rappeler que 48 000 personnes meurent par an en France de la pollution atmosphérique, 15 000 des effets du chômage, et que la canicule de 2003 a fait 19 000 morts ? Retourner à la situation d’avant, “relancer la machine” à l’identique, indiquerait non seulement que nous n’avons pas tiré de leçon des catastrophes, mais surtout que nous décidons de faire mourir toutes ces personnes. C’est bien évidemment inacceptable.

La pandémie : une conséquence de notre rapport au vivant. Il est donc urgent de changer.

Cette crise est d’origine écologique. Il s’agit avec le coronavirus d’une de ces zoonoses qui se multiplient depuis quelques décennies parce que nous détruisons des écosystèmes, et l’habitat de certaines espèces animales qui se rapprochent de nous humains. Le Covid-19 avait pour hôte, et sans pathologie aucune pour lui, une espèce de chauve-souris contrainte de se rapprocher de nous ; et le virus nous a atteints, en produisant alors des ravages, via probablement une espèce intermédiaire, le pangolin, apprécié par la pharmacopée chinoise pour ses écailles. C’est donc de non-respect de la nature, et des effets de notre action sur elle, qui a provoqué cela.

Que faire désormais?

Donc, à la place d’un retour  à la croissance, il conviendrait de décélérer brutalement nos consommations d’énergie, et autres consommations. La pandémie nous a montré qu’un court ralentissement global était possible, mais l’effort de ralentissement qui suivra sera bien plus difficile qu’un arrêt momentané des activités. Il devra être structurel.

Nous devons permettre la régénération des écosystèmes et des agroécosystèmes que nous aurons détruits. Cela nous obligera à vivre définitivement sans croissance économique globale. Il s’agit bien d’une bascule de civilisation. Avec un changement profondément les modes de vie, et une restructuration totale de l’appareil de production.

Une restructuration totale, un urgent tournant de civilisation

Un seul exemple, les 10 % les plus riches de la population mondiale émettent la moitié des gaz à effet de serre, alors que  la moitié la plus pauvre de la population n’émet que 10 % de ces mêmes gaz.

C’est aussi tout notre urbanisme qu’il convient de revoir pour rendre les villes habitables durant la saison chaude qui dépasse désormais largement l’été : avec des trottoirs et des chaussées, notamment, végétalisés, pour ne citer que ces exemples…Nous nous étions donnés comme but de toujours produire plus, jusqu’à l’absurde avec, depuis une quarantaine d’années une explosion des inégalités en termes de répartition de la richesse sur Terre. Aujourd’hui, il s’agit de nous  entendre sur la nécessaire décrue de la production et sur son partage, c’est-à-dire sur le nécessaire resserrement des écarts de richesses.

Rappelons qu’à terme, en cette matière, il n’y a pas d’intérêts divergents : continuer sur la tendance actuelle c’est aboutir à une planète inhabitable pour l’ensemble des espèces vivantes. Il apparait logique de dire que tout doit se réaliser à un niveau mondial comme la pandémie actuelle. Les pays les plus puissants ne peuvent faire n’importe quoi. Déforester l’amazonie au Brésil, négliger la pollution en Chine, détruire des zone vierges aux Usa pour exploiter des schistes.

Une réflexion et une action mondiales: 100 principes pour un Nouveau Monde

Dans le journal « Le Monde », Nicolas Hulot et de très nombreux signataires des 100 principes disent que le temps est venu de ne plus sacrifier le futur au présent. Et les 100 principes listés rappellent avec force ce qui a été maintes fois proclamé: changements écologiques, sociaux, politiques, …

Y-a-til des dangers à éviter?

Certains gouvernants peuvent en profiter pour resserrer leur emprise sur les citoyens qu’ils sont censés protéger.